Source: " Le Projet 2025 au coeur du prochain gouvernement de Donald Trump.", Fabien Deglise, Le Devoir, https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/824218/analyse-projet-2025-coeur-prochain-gouvernement-donald-trump
Un programme cyniquement nié, mais bien en place
Durant sa campagne présidentielle, Donald Trump a catégoriquement nié tout lien avec le Projet 2025, un document de 900 pages élaboré par la Heritage Foundation et d’anciens membres de son administration. « Nous leur avons dit, officiellement, légalement et de toutes les manières possibles que nous n’avons rien à voir avec le Projet 2025 », déclarait-il en août dernier en Arizona, qualifiant les accusations des démocrates de "campagne de peur". Pourtant, depuis sa réélection, ses actions et nominations prouvent le contraire.
Le Projet 2025, présenté comme une feuille de route pour "une transition présidentielle", propose des réformes radicales visant à restructurer l’appareil gouvernemental, centraliser le pouvoir exécutif et affaiblir les institutions démocratiques. Ces réformes, dénoncées par les démocrates comme dangereuses et extrêmes, pourraient marginaliser les minorités, restreindre les droits des femmes et compromettre les efforts environnementaux.
Les nominations confirment une stratégie autoritaire
Les nominations récentes de Trump pour son cabinet et son administration révèlent une adhésion totale au Projet 2025, malgré ses dénégations publiques. Parmi les personnalités clés figurent :
- Tom Homan, futur "tsar des frontières", chargé de superviser l’expulsion massive d’immigrants illégaux, un objectif clé du projet.
- John Ratcliffe, candidat à la direction de la CIA, et Pete Hoekstra, futur ambassadeur à Ottawa, tous deux contributeurs à l’élaboration du document.
- Brendan Carr, à la tête de la Commission fédérale des communications (FCC), qui sera en charge de restreindre les médias critiques et de "rétablir la liberté d’expression" selon une vision partisane.
- Stephen Miller, conseiller en sécurité intérieure, connu pour ses politiques radicales en matière d’immigration et de sécurité nationale.
Ces choix stratégiques démontrent que le Projet 2025 sera adopté, sous une forme ou une autre, pour atteindre ses objectifs autocratiques.
Démanteler l’État pour mieux le contrôler
Le Projet 2025 repose sur trois piliers principaux :
Centralisation du pouvoir exécutif :
- La mise en œuvre de la "théorie de l’exécutif unitaire" réduit l’indépendance des agences fédérales, transformant ces dernières en outils directs du président.
- Le président pourra utiliser ces agences pour cibler les opposants politiques et récompenser les alliés, affaiblissant ainsi les contre-pouvoirs institutionnels.
Politisation de l’administration fédérale :
- Avec des outils comme l’Annexe F, Trump pourra licencier des fonctionnaires neutres pour les remplacer par des loyalistes idéologiques, consolidant une bureaucratie entièrement alignée sur sa vision politique.
Contrôle judiciaire :
- La nomination de juges ultraconservateurs à la Cour suprême et dans les juridictions fédérales garantit que ces réformes auront un appui légal durable, même après la fin de son mandat.
Une guerre contre les contre-pouvoirs
L’objectif principal du Projet 2025 est de neutraliser les contre-pouvoirs démocratiques et d’imposer une vision autoritaire :
Affaiblir l’autonomie des agences fédérales :
- Les agences environnementales pourraient être contraintes d’abandonner leurs efforts de lutte contre le changement climatique.
- Le Département de la Justice deviendrait un outil de répression contre les opposants politiques.
Réformes sociétales radicales :
- Le projet promeut une idéologie nationaliste, religieuse et réactionnaire, marginalisant les minorités et restreignant les droits fondamentaux des femmes et des LGBTQ+.
Diviser pour mieux régner :
- En attisant les tensions culturelles et sociales, Trump renforce le soutien de sa base, au détriment de l’unité nationale.
Un modèle autocratique en marche
Comme l’a souligné Bob Woodward, les nominations récentes de Trump et la mise en œuvre du Projet 2025 constituent une menace directe pour la démocratie américaine. Contrairement à son premier mandat, où il était parfois freiné par des contre-pouvoirs, Trump dispose désormais d’un plan structuré pour exercer un contrôle sans précédent sur les institutions américaines.
Ce projet ne vise pas seulement à transformer l’administration ; il cherche également à remodeler la culture politique et sociale, en imposant une vision réactionnaire et autoritaire. Les écoles, universités et médias sont particulièrement ciblés par des efforts de censure et de contrôle idéologique.
Conclusion
Depuis sa réélection, Donald Trump a fait du Projet 2025 la pierre angulaire de son second mandat. En niant ses liens avec ce plan durant la campagne, il a évité un débat public approfondi sur ses implications. Désormais, ses actions et nominations montrent clairement que ce projet sera adopté, dans sa forme actuelle ou modifiée, pour consolider un pouvoir présidentiel sans partage.
Ce basculement historique soulève une question cruciale : la démocratie américaine pourra-t-elle survivre à cette transformation autoritaire, ou assisterons-nous à l’émergence du premier dictateur en sol américain ?
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Le respect est de rigueur.