L'ancien président Donald Trump est en campagne. Mais cette campagne diffère des précédentes non seulement par le contexte politique, mais surtout par l'approche stratégique de Trump. En effet, à mesure que la course électorale avance, Trump semble concentrer son énergie sur des attaques personnelles contre ses adversaires, notamment Kamala Harris. Cette stratégie, loin d'être fortuite, s'inscrit dans une tentative désespérée de maintenir sa base électorale fidèle, tout en préparant le terrain pour une possible contestation des résultats en cas de défaite.
La Base : Une Force qui se Fragilise
Trump a toujours su galvaniser une base électorale qui se distingue par son attachement indéfectible à sa personne et à sa rhétorique. Cette base, forgée par des années de discours populistes, de promesses de renouveau nationaliste et d'attaques virulentes contre l'establishment, a été le socle de sa montée en puissance. Pourtant, cette force semble aujourd'hui se fragiliser.
Les récents sondages montrent que Trump perd du terrain face à Kamala Harris, et ce, même dans des bastions où il était autrefois solidement implanté. Cette érosion n'est pas uniquement due à la popularité de Harris ou à l’usure naturelle d’un mouvement politique, mais aussi à la lassitude grandissante face aux controverses incessantes qui entourent Trump. De plus, les récentes condamnations judiciaires et les enquêtes en cours n'ont fait qu'alimenter cette tendance à la désertion au sein de sa base.
Les Attaques Personnelles : Une Stratégie Délibérée
Face à cette situation, Trump semble convaincu que sa meilleure arme reste l'attaque personnelle. C'est une tactique qu'il a utilisée avec succès en 2016 contre Hillary Clinton et qu'il continue d'exploiter contre Kamala Harris. Les surnoms dégradants, les insinuations sur la race et le genre, ainsi que les attaques sur les compétences et l'intelligence de Harris ne sont pas simplement des manifestations de sa nature belliqueuse ; elles sont calculées pour maintenir la cohésion de sa base.
Trump sait que son électorat a été habitué à ce style d'attaque. S'il cessait ces invectives, il risquerait de déstabiliser cette base qui pourrait ne plus le reconnaître et, pire encore, le désavouer. Ainsi, ces attaques servent non seulement à miner l'adversaire, mais aussi à rassurer ses partisans les plus fidèles que Trump est toujours ce leader inflexible et combatif qu'ils soutiennent.
La Peur de la Défaite : Une Stratégie de Contre-Attaque Préparée
Il est évident que Trump anticipe une éventuelle défaite. Conscient que la base se réduit, il envisage déjà la possibilité de contester les résultats électoraux, une tactique qu'il a déjà employée en 2020. Pour cela, il a besoin d'une base forte et soudée, capable de soutenir une telle contestation. Si cette base venait à s'effriter, la légitimité de toute contestation s'en trouverait affaiblie.
C'est pourquoi Trump continue de jouer la carte de l'attaque, car il sait que la moindre faiblesse perçue pourrait non seulement lui coûter l'élection, mais aussi sa capacité à mobiliser sa base en cas de défaite. En attaquant Harris, il ne cherche pas seulement à la discréditer, mais aussi à maintenir un climat de guerre politique constante qui justifierait, aux yeux de ses partisans, une contestation des résultats.
Un Calcul Risqué
Cependant, cette stratégie est risquée. Elle repose sur l'idée que la base électorale, bien que réduite, restera suffisamment mobilisée pour suivre Trump dans une éventuelle contestation post-électorale. Or, une érosion continue de cette base pourrait non seulement compromettre ses chances de victoire, mais aussi affaiblir ses revendications en cas de défaite.
En fin de compte, Trump mise sur la polarisation extrême et la fidélité inconditionnelle de sa base pour garder une emprise sur la scène politique. Mais à force de jouer cette carte, il pourrait bien finir par se retrouver isolé, avec une base trop réduite pour peser significativement dans la balance électorale ou judiciaire.
Pour les États-Unis, cette situation pose un défi majeur à la démocratie : comment maintenir l'intégrité électorale face à un candidat prêt à tout pour conserver son pouvoir, y compris à semer la division et la méfiance à l'égard des institutions démocratiques? Une question à laquelle les électeurs devront répondre en novembre prochain.