samedi 1 février 2025

Négocier les tarifs douaniers avec un Trumpiste – Mission impossible!


 

Je devrais savoir à quoi m’attendre. Je le sais. Je me l’étais promis : ne pas engager la conversation. Mais voilà, j’ai encore cédé. C’était si tentant. Un commentaire, une provocation, un argument absurde jeté comme une ligne de pêche à la surface de Facebook. Et moi, pauvre naïf, j’ai mordu.

Tout commence toujours par un fait indéniable, un événement réel, documenté, analysé par des journalistes. Trump a menti. Trump a été condamné. Trump a tenté un coup d’État. Des choses qu’on peut vérifier noir sur blanc. Mais à peine le temps d’écrire deux phrases qu’un Trumpiste surgit comme un diable de sa boîte, armé d’une indignation feinte et d’une mauvaise foi inoxydable.

– FAKE NEWS ! Tout est truqué ! Les médias sont contre lui !

Ah, le grand classique. Je pourrais prédire les répliques comme dans une mauvaise série B.

– Ce sont pourtant des faits, vérifiés, appuyés par des décisions de justice…
– Les juges sont woke ! Le FBI est woke ! L’ONU est woke ! Même la météo est woke !

Je soupire. Voilà que tout l’appareil judiciaire américain, pourtant conçu pour être conservateur, est subitement devenu un repaire de gauchistes infiltrés par le deep state. Le Trumpiste ne doute pas. Il sait. Mieux que les experts. Mieux que les chercheurs. Mieux que quiconque. Il a fait ses "propres recherches", traduisez : il a regardé une vidéo d’un gars en survêtement dans son sous-sol expliquant que Trump est un génie persécuté.

– OK, mettons de côté la justice. L’économie sous Trump était un désastre…
– FAUX ! C’était la meilleure de tous les temps ! Sous Biden, tout s’est écroulé !

Je tente d’expliquer. Le marché a fluctué sous Trump, comme sous tous les présidents. La dette a explosé, les baisses d’impôts pour les ultra-riches ont creusé un déficit abyssal. Rien n’y fait.

– Le Covid, c’est Biden qui l’a créé ! Trump a sauvé des millions de vies !

Bien sûr. Bientôt, Trump aura découvert le vaccin lui-même, dans un laboratoire secret, entre deux rounds de golf.

Mais ce qui m’achève, ce qui me coupe toute envie de poursuivre, c’est l’inversion totale de la réalité.

– Trump insulte ses opposants, il ridiculise les handicapés, il menace la presse…
– Il dit la vérité ! C’est du franc-parler !
– OK, donc si je dis que Trump est un narcissique pathologique…
– Oh, donc tu es dans la haine et l’intolérance maintenant ?

Le vent tourne en une seconde. L’intolérance, c’est moi. La haine, c’est moi. L’agressivité, c’est moi. Eux, ils défendent la liberté d’expression. Mais si je critique leur idole ? Sacrilège.

Et puis, quand l’argumentaire s’essouffle, que la réalité devient trop lourde à contourner, arrive l’arme ultime : la diversion totale.

– Trump a encouragé l’attaque du Capitole, il a mis en danger la démocratie.
– Et Hunter Biden, hein ? Et Hillary ? Et Obama et son costume beige ?

Je regarde l’écran. Mon curseur clignote. À quoi bon ?

Je pourrais passer ma nuit à démonter chaque mensonge, à ramener la discussion sur terre. Mais ce serait comme essayer d’éteindre un feu avec un verre d’essence. Rien n’y fait. Ils sont imperméables aux faits. Pire, ils prospèrent dans le chaos.

Alors, je ferme la fenêtre. Je respire. Je me rappelle cette phrase :

"On ne peut pas convaincre quelqu’un qui refuse d’écouter. À un moment, il faut savoir garder son énergie pour ceux qui veulent vraiment comprendre."

"Et là encore, le Trumpiste me dira que c'est moi qui refuse d'écouter, et nous tournerons ensemble sur le pont d’Avignon, en chantant petit patapon."

Imaginez et maintenant les canadiens doivent négocier avec les trumpistes sur les tarifs douaniers. On n'est pas sorti du bois comme on dit en ¨canayen".

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