vendredi 7 juin 2024

Ces deux amis qui n'hésiteraient pas à se poignarder dans le dos : La Russie et la Chine

 

Source: Gazoduc Force de Sibérie 2: les difficiles négociations autour de «l’affaire du siècle», https://apple.news/AGae5GFwVTQej2Sze1veXlw

L’amitié entre la Russie et la Chine est souvent présentée par leurs dirigeants comme une alliance indéfectible, symbolisée par la célèbre déclaration d’« amitié sans limites » faite en février 2022 par Xi Jinping et Vladimir Poutine. Cependant, derrière cette façade se cache une réalité bien plus pragmatique et opportuniste. En vérité, les relations sino-russes sont marquées par des intérêts stratégiques divergents et des négociations déséquilibrées, où chacun n’hésiterait pas à poignarder l’autre dans le dos si la situation l’exigeait.

Gazoduc Force de Sibérie 2 : Un Projet Crucial pour la Russie

Le projet de gazoduc Force de Sibérie 2 illustre parfaitement cette dynamique. Présenté par Poutine comme « l’affaire du siècle » en mars 2023, ce gazoduc de plus de 6000 km doit transporter 50 milliards de mètres cubes de gaz par an des champs sibériens vers la région chinoise du Xinjiang. Pour la Russie, ce projet est vital pour relancer Gazprom, le géant énergétique national, qui traverse une période particulièrement difficile. Avec une perte nette de 6,9 milliards de dollars en 2023, une première en vingt ans, Gazprom voit d’un bon œil ce projet ambitieux.

Cependant, les négociations ne progressent pas à la vitesse souhaitée par le Kremlin. Pékin, en position de force, ne se montre guère pressé. La Chine, consciente de la dépendance croissante de la Russie à son égard, utilise cette position pour obtenir des conditions extrêmement avantageuses. Les exigences chinoises sont élevées : Pékin souhaite acheter le gaz au même prix que les Russes eux-mêmes et demande à Gazprom de financer intégralement la construction du gazoduc. Pour une compagnie déjà en difficulté financière, ces conditions sont presque impossibles à accepter.

Une Relation de Convenance

Cette situation met en lumière le caractère profondément pragmatique de l’amitié sino-russe. La Russie, forcée de trouver de nouveaux débouchés pour son gaz suite à la chute des ventes en Europe, n’a guère d’autre choix que de se tourner vers la Chine. Pékin, de son côté, profite de cette situation pour renforcer sa position et obtenir des conditions avantageuses, sachant qu’elle n’a pas besoin du gaz russe avant 2035. Avec de nombreux autres fournisseurs, la Chine peut se permettre d’attendre et de jouer la carte de la concurrence.

Cette relation de convenance est également visible dans le contexte politique et économique plus large. Gazprom est crucial pour l’économie russe et emploie des milliers de travailleurs dans des régions éloignées et économiquement faibles, comme la Sibérie et la péninsule du Yamal. La stabilité de Gazprom est donc essentielle non seulement pour l’économie, mais aussi pour la stabilité politique intérieure du régime de Poutine. La Chine, tout en exerçant une pression économique, garde un intérêt certain pour la stabilité du régime russe, sachant qu’un effondrement pourrait déstabiliser la région et affecter ses propres intérêts stratégiques.

Une Amitié Opportuniste

En fin de compte, l’amitié entre la Russie et la Chine est marquée par une forte dose de pragmatisme et d’opportunisme. Les deux pays coopèrent lorsqu’ils y trouvent un avantage, mais ils sont prêts à agir de manière opportuniste si leurs intérêts nationaux l’exigent. Les relations sino-russes sont loin d’être une véritable camaraderie ; elles sont plutôt un mariage de convenance, où chaque partie cherche à maximiser ses propres avantages tout en maintenant une façade de coopération.

Les alliances géopolitiques sont souvent temporaires et basées sur des calculs stratégiques plutôt que sur des engagements à long terme. La dynamique actuelle entre la Russie et la Chine en est une illustration claire. Ces deux « amis » opportunistes continueront à naviguer dans leur relation complexe, toujours prêts à poignarder l’autre dans le dos si cela sert leurs intérêts. Cette réalité rappelle que, dans le domaine des relations internationales, les amitiés déclarées sont souvent des alliances temporaires, dictées par les nécessités du moment plutôt que par une véritable loyauté.

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