mardi 12 mars 2024

« Quand les autocrates font escale en Floride»


Source: La Presse: https://urlz.fr/pRBU

Imaginez la scène à Mar-a-Lago, où Trump accueille Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, comme si c'était le dernier épisode d'une série à succès intitulée « Quand les autocrates font escale en Floride». Dans cet épisode, le duo dynamique ne se contente pas de serrer des mains, mais de fusionner deux visions du monde qui, pour beaucoup, semblent aussi compatibles que l'huile et l'eau.

Orban, connu pour son approche de la « démocratie illibérale », a été accueilli à bras ouverts par Trump, dans un geste qui semblerait étrange à ceux qui considèrent la liberté de presse et l'indépendance judiciaire comme des piliers non négociables de la société. Mais, dans le monde de Trump, où le terme « autocrate » paraît être un compliment plutôt qu'une condamnation, cela a parfaitement du sens. « C'est lui le boss», déclare Trump, dans un moment de franchise qui révèle plus sur ses propres aspirations que sur les qualités de leadership d'Orban.

L'accueil chaleureux réservé à Orban par les Trump pourrait être perçu comme le dernier signe d'une tendance inquiétante aux États-Unis : une fascination pour les leaders qui gouvernent avec une main de fer, une préférence pour le règne de l'homme fort sur le désordre démocratique. Mais, et si c'était là le grand tour de magie de Trump ? Nous distraire avec des éclats de voix et des poignées de main tout en glissant, presque subrepticement, vers un avenir dans lequel l'autocratie n'est plus seulement admirée de loin, mais adoptée ici même, sous nos yeux.

Pourtant, ce qui est encore plus absurde, c'est l'acceptation tacite de cette situation par un nombre significatif d'Américains. Comme si le fait d'élire le premier autocrate américain était un épisode de télé-réalité dont on attend le prochain rebondissement avec impatience, plutôt qu'une menace réelle à la démocratie. « Après tout, qui ne voudrait pas de son propre autocrate ?», semble susurrer l'air du temps, une question à laquelle nous devrions peut-être tous réfléchir un peu plus sérieusement.

Dans cet univers parallèle où Trump et Orban échangent des astuces sur la gouvernance, on pourrait quasiment entendre la voix off annoncer : « Restez à l'écoute pour le prochain épisode, où nous découvrirons sûrement que la plus grande illusion n'était pas de transformer des autocrates en amis, mais de nous convaincre que nous n'avions rien à craindre». En fin de compte, le vrai spectacle pourrait bien être de découvrir jusqu'où nous sommes prêts à laisser ce scénario se dérouler avant de changer de chaîne.

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